en Mongolie

D'irtkousk à Ulaan Baator : 26 heures dans le train

Levés à 3h du matin pour être à la gare à 4h30. Nous partageons le compartiment avec un jeune couple d'Irlandais. Le train roule lentement, parfois 80 km/h mais plus souvent 50-60 km. Peu d'arrêts MAIS 3h au poste frontière russe. On repart lentement et 3/4h plus tard arrêt de 2h30 au poste frontière mongol. En fait pas de surprise, la durée de ces arrêts est indiquée dans l'horaire du train. Ce transsibérien est plus vieillot que le précédent. Le samovar fonctionne au charbon, le préposé au wagon l'alimente de temps en temps. Le train suit longtemps la rive sud du Baïkal. Les terres riches de Sibérie font place à des terrains sablonneux d'aspect semi désertique. Arrivée à Ulaan Baator à l'heure exacte. Baynaa la jeune fille qui nous servira de guide nous attend à la gare et nous conduit à l'hôtel. La douche est appréciée !

mardi 9 à Ulaan Baator

Nous sommes partis dans la matinée pour faire quelques visites ,
musée national d'histoire et palais du 8ème Bogd Khan (chef religieux bouddhiste) dans l'après midi.
Tour de ville dans différents quartiers, riches et pauvres.
Nous avons pris le repas de midi avec Altan qui nous a rejoints. Elle avait plusieurs cours dans la journée. Nous avons pu aussi régler notre circuit. Dîner avec Altan.

mercredi 10

Ayant déjà séjourné en Mongolie, je passe la plume à Daniel pour qu'il donne ses impressions.
Je prends donc le relais mais je ne pourrai diffuser ce qui va suivre qu'à notre retour à UB.
En matinée visite de l'important monastère de Gandantegtchilin (on n'est pas obligé de retenir le nom). On entre dans plusieurs temples qui bourdonnent comme des ruches. Des bonzes y récitent d'interminables litanies, parfois ponctuées par des coups de gong ou de cymbales. Les visiteurs circulent librement autour des bancs des bonzes sans les perturber. Nous entrons aussi dans deux temples écoles bouddhistes où sont formés les futurs bonzes dès l'âge de 6 ans. Ici aussi on répète inlassablement les litanies du Sutra.
En début d'après-midi nous quittons UB (Ulaan Baator) et débutons notre circuit vers le Gobi à bord d'un petit fourgon 4x4, conduit par Eguy. Cap au sud.
La route est goudronnée mais de plus en plus défoncée, on roule lentement. Heureusement au bout d'une quinzaine de km le goudron cesse et nous prenons une piste moins cahoteuse. On traverse en périphérie d'UB quelques villages formés de petites maisons et de yourtes. Rues en terre. Et puis plus rien, terrains nus à perte de vue, avec une yourte de temps en temps.
Arrêt en cours de route pour voir une source (mais asséchée actuellement). Les rochers qui l'entourent forment un cadre remarquable Des rubans bleus sont accrochés aux arbres comme en tous lieux sacrés.  (photo 4)
Dans l'après-midi nous passons près d'un éleveur de chevaux. Nous nous arrêtons et assistons à la traite des juments. On nous invite à entrer dans la yourte où l'on nous offre du lait fermenté. Pas mauvais, cela rappelle le kéfir, en plus acide. La route est encore longue et nous arrivons de nuit chez l'éleveur de chèvres qui va nous héberger. On nous offre du fromage, du yaourt. On partage le repas avec nos hôtes puis on dispose des tapis par terre pour étaler nos duvets. Odeur de fromage, de lait rance… Nos hôtes nous laissent leur yourte et partent à moto dormir ailleurs. 

jeudi 11

Réveillés à 7h par les propriétaires qui reviennent s'occuper de leurs chèvres. Un homme est venu pour en tuer une qui est vite dépecée et découpée. Pendant que nous déjeunons la fermière nettoie à côté de nous les abats tout chauds…
On repart pour une longue route. Des pistes évidemment, qui se divisent, se coupent, sans la moindre indication. Mais Eguy est un chauffeur expérimenté, il n'hésite pas. Et puis s'il le faut on roule à "travers champ" pour rejoindre une autre piste. La conduite nécessite une attention de tous les instants car il faut éviter à temps les nombreuses pierres et ornières, et passer au pas les tranchées formées par une piste perpendiculaire ou par un ruisseau sec.
En fin d'après-midi nous atteignons (au bout de 350 km !)  notre objectif : une falaise de roches rouges que nous avons la chance de voir dans le soleil couchant. (photo 7). Nuit à quatre sous une yourte, différente de celle des propriétaires. Nous prenons le repas avec eux. Nous assistons à la fabrication des "buzz", gros raviolis farcis de viande. 
Nous avons parcouru 600km depuis UB, vers le sud.

vendredi 12

Encore une longue route vers une "dune chantante". Nous parcourrons de grandes étendues plates traversées de temps en temps par des collines rocheuses. En arrière plan une chaîne montagneuse avec des versants enneigés. Nous l'atteignons et la traversons par un col à 2400m d'altitude. Nous pouvons juger de la compétence d'Eguy, les quatre roues motrices sont indispensables. Marche de 5km dans les gorges d'un petit torrent. les gerboises pullulent. A cette altitude il fait très froid, nous n'avions pas prévu de vêtements assez chauds…
Nous atteignons le début du cordon de dunes que nous allons suivre pendant de nombreux km avant d'atteindre la "dune chantante" qui heureusement ne chantait pas  ce soir là. En effet c'est par grand vent qu'elle émet son sifflement. Nous dormons à proximité dans deux yourtes : nous deux dans l'une, Baynaa et Eguy dans l'autre. On nous allume le poêle de tôle que l'on trouve dans toute yourte. Combustible : soit des petits arbustes du désert, soit des bouses ou crottes de mouton séchées. La chaleur est vive mais le feu n'est pas alimenté, il s'éteint quand on se couche. Le toit des yourtes n'est pas fermé, il reste une partie à l'air libre, alors dans la nuit on a droit à des courants d'air glacé (l'altitude a varié entre 1300 et 1800m).
Notre route s'est infléchie vers l'ouest.

samedi 13

Encore une longue journée de pistes. On croise de temps à autre des troupeaux : surtout chèvres et moutons, chevaux, un peu de  bovins et dans le sud du Gobi, où nous sommes depuis jeudi, des chameaux. Nous avons rencontré deux hommes à moto qui avaient perdu leur troupeau de chameaux, ils venaient de les retrouver à 160km (cent soixante !) de leur campement.
Arrivée en fin d'après-midi aux ruines du monastère bouddhiste d'Ongiyn. Situé au bord d'une rivière il a compté jusqu'à 1000 moines avant d'être détruit en 1937 par les soviétiques. Les principaux moines ont été tués et les plus jeunes forcés à se marier pour les faire renoncer à leur sacerdoce. 
On passe la nuit dans deux yourtes au bord de la rivière. Il fait froid dans la nuit, au matin les bords de la rivière sont gelés.
Comme nous n'avons plus de pain Baynaa nous prépare en moins d'un quart d'heure des pains nomades : farine,  eau et huile. La pâte rapidement malaxée est étalée en crêpes et cuites à la poêle dans de l'huile. C'est délicieux, mais un peu gras dirait Hélène.

dimanche 14

160km de pistes seulement pour atteindre Arvaikheer. C'est la capitale d'une région au nom imprononçable. Après 1200km de pistes  nous reprenons contact avec le bitume. Pendant ces cinq jours nous n'avons traversé que de rares "petits villages" où l'on trouve deux ou trois commerces et une station d'essence, et deux "gros villages" avec plus de commerces, un hôpital (un médecin, une sage-femme, des infirmières), un collège.
Ce soir nous dormirons à l'hôtel ! On se réjouit à l'avance de la douche que l'on va prendre pour se débarrasser de la poussière accumulée depuis cinq jours. Déception ! Un lavabo avec robinet, sans eau, un wc déglingué. Mais heureusement de la pomme de douche sort un filet d'eau chaude qui permet de se laver. De mon lit, à portée de main, je dois éviter de toucher les fils à nu, mais sous tension, d'une prise de courant qui a perdu son capot de protection. Altan nous avait dit que nous passerions la nuit dans un hôtel mongol, après les yourtes c'est aussi une expérience intéressante. Cela nous rappelle des hôtels roumains des années 80.
Nous allons au marché qui attire beaucoup de monde des alentours. Les boutiques sont aménagées dans des conteneurs. On peut y acheter sa yourte, de quoi la meubler et la chauffer, des bottes, des vêtements traditionnels, de la quincaillerie… Il y a aussi la halle à viande, pittoresque. Et des épiceries. Peu de fruits et légumes : pommes de terre, choux, carottes essentiellement. L'atmosphère est chargée de la fumée de charbon qui sort de plusieurs cheminées.
Un bon dîner au restaurant pour finir la soirée et retour à l'hôtel où le karaoké fonctionne très (trop) bien.
Depuis deux jours nous remontons vers le nord.
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lundi15

Il a neigé dans la nuit ! quelques cm, et la neige continue de tomber.
On roule donc sur pistes enneigées ce qui complique la tâche d'Eguy car la neige masque les trous comme les bosses. Nous remontons la vallée de l'Orkhon qui s'est creusé un lit dans des terrains volcaniques. Nous atteignons notre objectif : les chutes de cette rivière. Elles sont partiellement gelées ce qui ajoute à la beauté du site. Cette rivière, la plus longue de Mongolie, rejoint le lac Baïkal, après plus de 1000km. 5ème nuit dans une yourte. Les toilettes sont à plus de 100m, bien aérées…
Eguy se procure de la "vodka nomade" : elle est fabriquée à partir de yaourt ! Limpide comme de l'eau, moins alcoolisée que la vraie vodka elle a un goût caractéristique de fromage rance… Je ne suis pas tenté d'en abuser.

mardi 16

Nous reprenons la route enneigée vers l'est pour atteindre Karakoroum ancienne capitale de Mongolie créée par Ghenggis Khaan en 1220. Constituée de yourtes il n'en reste évidemment presque rien aujourd'hui excepté ce que les fouilles archéologiques ont mis à jour. Un envoyé de St Louis était venu demander de l'aide à Ghenggis Khaan pour la guerre sainte, celui-ci a refusé.  Ce missionnaire y est resté un an, il en a ramené un précieux témoignage sur la vie à Karakoroum. Il a aussi fait construire un arbre d'argent qui était une astucieuse fontaine versant différentes boissons. On ne l'a pas retrouvé évidemment.
Sur ce site un important monastère a été créé au XVIème dans une vaste enceinte. Il y a été construit plus de 60 temples. Mais les soviétiques sont venus et les ont rasés, il n'en reste que quatre.  

17 et 18

Cap à l'ouest pour atteindre une source thermale. L'eau sort à 80° dans un bassin puis s'écoule dans des ruisseaux d'eau tiède. 6ème nuit sous la yourte mais cette fois on peut prendre une douche chaude ! 
Le lendemain nous rejoignons le lac d'Oguii. Nous logeons dans une famille de pêcheurs. La pêche est bonne. Nous leur achetons des poissons qu'Hélène cuisinera. Ce n'est pas un aliment courant ici. Les Mongols sont réticents à en consommer car le poisson est un emblème divin. 

19 et 20

Avant de quitter le lac Hélène souhaite revoir une famille chez qui elle avait logé il y a deux ans. Grâce à une photo on nous indique où elle se trouve pour l'hiver. Ce n'est pas très loin, on y va. La femme se souvient d'Hélène, on entre dans la yourte, on nous offre du thé et des fromages. J'en ai pris un dur comme un caillou, impossible à casser. Je l'ai mis discrètement dans la poche. On m'a expliqué qu'un tel fromage est donné aux enfants qui vont garder un troupeau et le suçotent pendant des heures, même des jours à mon avis. On peut aussi le mettre dans une tasse d'eau chaude, mais il ne se dissout pas. C'est économique on peut le réutiliser longtemps.
Après 2000km de pistes nous rejoignons une route asphaltée en bon état, toute droite et monotone. Nous arrivons au parc national de Khustai. Nous passons la nuit à l'entrée du parc dans un centre d'accueil touristique. Nous avons le choix entre la yourte et une chambre avec sanitaires. Nous optons pour la chambre… Nous aurons donc passé 8 nuits sous une yourte.
Au matin du samedi 20 nous entrons dans le parc en espérant voir des animaux. Ils sont au rendez-vous : nous voyons d'abord des cerfs. Dans la steppe il est facile de les voir, alors qu'en France ils se dissimulent en forêt. Les animaux vedettes du parc sont des chevaux sauvages, dits de Prejwalski. Nous en voyons un petit groupe que j'ai pu approcher.
La boucle se referme, nous approchons d'UB que l'on repère à son nuage de pollution… 
Nous retrouvons notre confortable hôtel. Internet ne fonctionne pas mais le karaoké se fait entendre. C'est sans doute la principale distraction des Mongols.

dimanche 21

C'est notre dernière journée passée avec Baynaa pour nous guider. Nous allons à 70 km d'UB voir la monumentale statue équestre de Genghis Khaan. Le sous-sol abrite un musée particulièrement intéressant consacré à l'âge de bronze, il témoigne de la richesse artistique de cette époque.
De retour à UB nous entrons au "marché noir" où l'on peut tout trouver : alimentation, vêtements, outillage, électroménager, meubles, tapis, restauration, soins (coiffure, massages). L'essentiel est à ciel ouvert, les allées sont très étroites, c'est le bain de foule. Des hommes ont simulé une bousculade pour tenter de dévaliser Hélène mais nous nous y attendions, nous n'avions rien dans nos poches.

la suite en images 

rencontre de personnes qu'Hélène a connues lors de son séjour en Mongolie, il y a deux ans
Manzushir
Shagwa a emprunté la voiture de son oncle et nous conduit avec Byambaa au monastère de Manzushir, à 50 km d'UB
portraits
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